Patrick Henri
Je rentre demain sur Paris - ces quelques jours ont été éprouvants et exaltants. Éprouvants, parce que la gestion du temps n'est pas la même qu'en Europe, que j'ai beau le savoir, cela reste une source de stress parfois, et que l'impression de ne pas avancer est fort désagréable, alors que les dossiers avancent, mais selon un rythme diffèrent de celui auquel nous sommes habitués.
Exaltants, parce qu'après avoir du modifier mon planning pour proposer un deal compliqué à une société étatique énorme, très impliquée dans un domaine stratégique, j'ai obtenu audience auprès de son PDG, qui a trouvé l'idée bonne, tellement qu'il a immédiatement demandé à ses services juridiques, opérationnels, financiers de tenir une réunion de travail avec moi pour "pondre" un protocole d"accord" et définir la rémunération de notre société, et que le chiffre que j'ai proposé a été accepté assez facilement. Je venais pour amorcer un dossier, et je repars le soir avec un protocole d'accord, une annexe fixant notre chiffre d'affaires garanti, dont les termes sont validés par les deux parties etc...Bref, je me suis senti comme le Roi du Monde sur ce coup, et mes chevilles ne désenflent pas depuis lundi..
Sinon, toujours cette impression de ne pas être adulte, de ne pas avoir envie de percevoir, définir cette frontière entre l'adolescence et l'âge adulte. Rester le plus longtemps possible en équilibre sur ce fil, attitude dérisoire mais que je perçois souvent salvatrice pour moi. L'impression de trouver mon équilibre dans un déséquilibre relatif de ma vie, de mes émotions, de mes sentiments.
La vie est étrange. On réalise souvent a posteriori que tel ou tel évènement, acte, se sont avérés des tournants, des choix ayant des conséquences sur notre avis. Dans mon cas il est rare que je me soies dis, tiens, attention, là tu vas avoir à prendre une décision qui va t'engager. Non, c'est souvent plus flou, comme une brique posée sur une autre, et ce n'est que lorsque m'éloigne un peu, que je prends un peu de distance, de recul, que la cohérence (y compris dans son incohérence), se révèle à mes yeux, que j'aie alors une vision d'ensemble de ce que j'ai construit, sans savoir au moment ou je le faisais, que je construisais effectivement.
C'est très bête et peu compréhensible ce que je viens d'écrire, mais tant pis, je n'ai jamais prétendu révolutionner le Monde grâce à mon esprit ou mes pensées.
Je vais partir courant juillet pour quelques jours dans une petite maison dont j'ai hérité, puis en août très loin, très très loin...
Sur le plan affectif, pas grand chose à signaler, je voyage seul et l'onanisme est dans ces cas là fort utile..
Mal dormi la nuit dernière, et suis tombé sur un reportage sur l'affaire Patrick Henri. Une chose m'a un peu troublé : j'ai toujours pensé que la plaidoirie de Maître Badinter avait été l'élément clé ayant permis d'éviter la peine de mort à Patrick Henri, et été l'élément déclencheur ayant provoqué par la suite l'abolition de la peine de mort. Or, un journaliste, sans renier l'éloquence et l'efficacité de cette plaidoirie, relevait que l'évêque de Troyes avait demandé aux éventuels chrétiens composant le jury de ne pas voter la peine de mort, et qu'il pensait que cette intervention avait été déterminante..
Fabien
Ecrit par fabienland, le Mercredi 8 Juin 2005, 22:32 dans la rubrique "".