chroniques.

duo face

Me suis acheté une montre reverso "duo face" d'une grande marque suisse. Elle est superbe, deux faces, pour deux fuseaux horaires, ou deux esthétiques différentes. Cette montre est un peu à mon image, même si j'ai envie d'être plus en prise avec ma réalité. Courir plusieurs lièvres en même temps est nerveusement épuisant et source de trop peu de joies. Accepter ce que je suis, je ne dois pas le prendre comme un renoncement a me trouver mais plus assumer ce que je suis vraiment sans chercher a me faire croire que je suis ou pourrais être quelqu'un d'autre, plus intéressant, plus trouble, plus profond.. Non, je suis juste normal, banal, avec certes quelques difficultés avec le coté âpre que nous impose le Monde et mes contemporains. Je sais que je suis dans l'esprit loin d'être un winner, que les winners m'emmerdent, mais chercher a être un looser parce que ce serait plus "intéressant", plus "romantique", je m'en suis lassé. Je ne suis ni l'un, ni l'autre. J'ai 40 ans et quelques poussières, l'âge auquel il parait que notre visage est ce que nous sommes (Camus ?). Alors je regarde ce visage, mon visage dans la glace. Qu'y vois-je ? un type qui ne fait sans doute pas complètement son âge, qui a encore tous ses cheveux, un air triste ou mélancolique, qui a moins de rêves qu'avant sans que cela ne le rende triste, qui se connaît un peu mieux, malgré tout, et qui s'accepte aussi un peu mieux, parce que l'avis des autres compte moins et le déstabilise moins qu'avant. Un type reconnu professionnellement, qui sait qu'une vie réussie ne peut pas être qu'une vie professionnelle accomplie. Un type qui commence a comprendre que s'il est tombé amoureux de cette femme là, il ne peut s'agir d'une hasard, qu'elle lui apporte un équilibre qui lui manquait, malgré ses défauts. Un "choix" qui comble un manque. Un type qui regarde ses enfants grandir, changer, et qui sait qu'un jour ils le jugeront, non pas sur ce qu'il peut penser, mais sur ce qu'il a fait (ou pas). Un type qui veut pouvoir soutenir leur regard, leur transmettre une force qui n'est pas de celle qui s'oppose aux autres pour s'imposer, non une force puisée au plus profond de soi, qui trouve sa source dans la confiance que nous, parents, sauront leur montrer, une force qui leur permettra de s'accomplir dans le domaine qu'ils auront eu la capacité de choisir.

L'image de ce type dans le miroir reste encore un peu floue, mais les contours deviennent visibles, il reste à faire le point...

Ecrit par fabienland, le Samedi 14 Mai 2005, 18:13 dans la rubrique "".