euphorie
Mon appartement est visité ce matin, revu par la même personne cette après-midi, vendu à 19h30 !
même pas 12 heures, je n'en reviens pas !! a tel point que je me dis que j'ai du me planter dans son évaluation, parce que vendre aussi vite, je ne savais pas cela possible.
Par hasard, abordons avec une correspondante assidue et que j'apprécie beaucoup pour son humour, sa liberté de ton et d'esprit, le thème du handicap chez l'enfant. Je lui "avoue" que mon aînée est attardée mentale (on parle pudiquement de retard généralisé d'acquisitions). Je pensais en avoir déjà parlé sur mon journal, elle pense que non, ce qui est fort possible. Pour une raison fort simple : pas envie d'une pitié ou d'une compassion dont je n'ai pas besoin.
Oui, nous avons une enfant handicapée mentale, oui cela a été dur à accepter, oui c'est parfois psychologiquement difficile.
Lorsque ma femme est tombée enceinte, nous étions bien entendu fous de joie. La grossesse se passait bien, mais à la dernière échographie, un doute sur l'(a)normalité de l'enfant. Amniocentèse, prise de sang, divers tests qui ne révèlent aucune anomalie particulière. Nous avons encore légalement la possibilité d'avorter, mais a presque 5 mois, le bébé se "montre" déjà, le ventre bouge, on l'entend et on le voit. IL vit, et le fait savoir. Nous ne pouvons prendre une décision aussi lourde et décidons de poursuivre la grossesse, les tests étant tous négatifs.
Naissance, et très vite constat d'une anomalie. Le développement est plus lent, elle n'arrive pas a se tenir assise comme les autres enfants. Nous reprenons le chemin des hôpitaux, des batteries de test, qui constatent tous un retard dans le développement de l'enfant, sans pouvoir en trouver les causes. Longtemps nous penserons que le retard ne sera que provisoire. Au retard mental s'ajoute une cardiopathie dont elle sera opérée à coeur ouvert à 11 mois, avec succès.
Nous voulons un 2ème enfant, mais nous hésitons. Ma femme en a envie, moi moins, car je sais que j'aurais beaucoup de mal a accepter un 2ème enfant handicapé, même si le handicap est léger comme c'est le cas pour l'aînée. Les médecins que nous rencontrons, tous très compréhensifs, professionnels et humains nous poussent a avoir un bébé, parce qu'ils "savent" que ce qui s'est passé n'est probablement que le fruit du hasard et que la probabilité que cela se reproduise est quasi nulle. Je ne m'y résout pas. J'essaie de convaincre ma Douce d'adopter mais elle s'y refuse. Même si elle ne le dira jamais explicitement, je comprends sa souffrance de ne pas être une "vraie" mère, de ne pas se percevoir comme telle, et sa culpabilité (infondée bien entendu).
A étape régulière, parce que la technique et la recherche avancent, nous faisons des tests, sur l'enfant, sur nous, parfois pénibles. Et, enfin, 7/8 ans après sa naissance, les médecins finissent pas identifier l'anomalie et nous confirmer qu'il s'agit d'un pur hasard.
Nous sommes soulagés par ces résultats, et nous décidons d'avoir un 2ème bébé, qui naîtra en parfaite santé, et qui a presque 2 ans aujourd'hui, est en pleine forme, vive, intelligente, intrépide, et que nous savons être un plus indéniable pour la grande.
IL n'y a pas de pathos, nous sommes heureux, nos enfants sont magnifiques, tous les deux, nous les aimons. Même pour l'aînée, et malgré ses difficultés, nous l'élevons comme tout enfant, le plus normalement possible. Souvent nous ne prenons conscience de son handicap que dans le regard des autres, certaines attitudes, mais pour nous, elle est normale.
La vraie et seule inquiétude concerne son avenir, son degré autonomie. Parce qu'un jour nous ne serons plus là...
F
Ecrit par fabienland, le Jeudi 25 Août 2005, 22:01 dans la rubrique "".
Commentaires
chrysalide06
25-08-05 à 22:24
Salut,
Ton texte est très touchant et, après l'avoir lu, je ne ressens ni pitié, ni compassion, mais simplement une vive émotion face à l'amour qu'il laisse apercevoir. L'amour que tu as pour tes deux enfants, bien sûr, mais aussi l'amour d'un couple, parce que pour survivre à ce qui est quand même une épreuve, il faut une bonne dose d'amour...
Je fais du ping-pong, et j'ai la chance d'entraîner l'équipe régionale de handisport. Un groupe de 5 joueurs, dont 2 sont handicapés mentaux et 3 handicapés physique. Au départ, cela m'a fait peur. J'avais peur de ne pas être à la hauteur, autant d'un point de vue sportif que d'un point de vue humain mais aujourd'hui, ils sont avant tout une joie pour moi... voilà sans doutes pourquoi ce n'est pas la pitié qui m'est venue en lisant, mais le sourire.
Chrysalie
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Re:
remboy
26-08-05 à 12:13
Juste pour ajouter : si, tu en avais déjà parlé sur ton journal, mais pas de façon aussi détaillée.
L'acceptation est une étape souvent longue et douleureuse. Le regard des autres une autre difficulté.
Mais je suis sur que l'affection et le sourire de ta fille sont là pour effacer toutes les épreuves.
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Khad
08-09-05 à 16:25
J'ai été très touchée par ton texte. Les mots me manquent, mais en tout ca je trouve ça très beau.
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Re:
fabienland
08-09-05 à 17:14
Merci
Fabien
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